Conférence organisée dans le cadre de la séance
DE LA MEDIATION A LA NEGOCIATION
Président de séance : Julien OLEZYC, Directeur adjoint des Archives municipales d’Amiens (80).
Présentation des contributeurs :
Martine Cardin est professeure titulaire au Département des sciences historiques de l’Université Laval, où elle enseigne depuis 1988 et assure la direction des programmes d’archivistique. Parmi ses recherches, mentionnons un projet de mise en valeur d’archives orales numériques sur la Ville de Québec. Elle a été également co-chercheuse du groupe InterPARES2 et a dirigé son équipe sur la production et la maintenance des documents d’archives. Depuis quelques années, elle s’intéresse aux modalités d’exploitation documentaire à l’ère numérique et à leurs impacts sur la gouvernance des systèmes d’archives. C’est dans cette optique qu’elle s’intéresse actuellement à la valorisation et à la conservation des archives québécoises de la publicité.
Christian Desîlets est professeur agrégé au Département d’information et de communication de l’Université Laval où, depuis 2006, il enseigne la publicité sociale. Spécialiste de la mise en marché des causes sociales, ses recherches se situent à l’intersection de la sociologie de l’action publique et de la communication marketing. Elles portent notamment sur la manière dont les promoteurs de causes sociales représentent au public les problèmes sociaux et publics dont ils s’occupent, et sur les stratégies de réception par lesquelles leurs différents publics traitent les messages qui cherchent à les influencer. Auparavant, il a travaillé dans les secteurs public et privé, et notamment au sein de Cossette communication-marketing dont il a été le vice-président
directeur général du bureau de Québec.
À l’heure actuelle, les archives dorment dans des dépôts où elles sont largement sous-exploitées. Le paradoxe est que l’on dépense des sommes colossales dans leur conservation à long terme sans pour autant consentir des investissements conséquents dans leur valorisation. De fait, bien que la valeur d’existence des archives ne soit plus à démontrer, leur valeur économique n’est pas évidente à saisir. Les producteurs et la société en général se privent d’une ressource extrêmement riche pour supporter leur gouvernance, favoriser le développement et la circulation de leurs connaissances ou participer à la construction des représentations fondatrices de leur identité culturelle. D’un point de vue durable, le problème est qu’on arrive difficilement à recycler et réinsérer les archives dans les structures d’activités de la société. La difficulté semble tenir plus à une mauvaise mise en marché des documents auprès des clientèles d’usagers qu’à la reconnaissance de leurs valeurs. Traditionnellement la tendance a été de s’attacher à valoriser les archives pour elles-mêmes sans se soucier de leurs usages. Or, le modèle marketing inverse cette perspective et invite à penser la mise en valeur des archives en fonction des besoins qu’elles peuvent satisfaire. Cette communication présente les grandes lignes du projet MÉDIAS actuellement conduit à
l’Université Laval sous la direction des professeurs Martine Cardin et Christian Desîlets.
MÉDIAS est un projet de médiation culturelle dédié au développement des principes de
l’archivistique participative en prenant pour objet d’expérimentation les archives de la publicité. MÉDIAS assoit à une même table des chercheurs, des étudiants, des institutions gardiennes d’archives et leurs usagers ainsi que des représentants de l’industrie du monde publicitaire et des TI. Ensemble, ils développent des stratégies de valorisation orientées usagers plutôt que document. Ils mettent l’emphase sur l’insertion des archives dans les schèmes de pratiques de leurs utilisateurs plutôt que sur la description des documents. Ils s’intéressent aux modalités par lesquelles il est possible d’associer les chercheurs à la valorisation de leur sources tout en balisant leurs droits et pratiques d’accès. MÉDIAS entend ainsi concevoir les cadres théoriques et pratiques d’une archivistique participative apte à intégrer l’input de l’usager à toute la chaine de
production de valeur (contextes de production/exploitation) des documents.